lʼart dʼescargoter
Trieste, l'Adriatique en majesté
Nichée à l’extrême nord est de la péninsule, Trieste ne ressemble vraiment à aucune autre ville d’Italie. Bringuebalée par les aléas de l’histoire, muse de tant de grands écrivains, c’est attablé dans un de ses célèbres cafés que l’on pourra méditer sur sa splendeur retrouvée.
Trieste, fille d’Adriatique
D’immenses bateaux de croisières amarrés au cœur même de la ville, l’image est saisissante et symbolise plus que tout la singularité de cette cité portuaire. La Place de l’Unité italienne, épicentre de la ville et ses imposantes façades du XVIIIème siècle s’ouvre sur la mer comme un appel à prendre le large. Selon l’écrivain Mauricio Grande :
« Il n’existe pas en Europe, et même dans le monde entier une place aussi vaste et aussi parfaite qui donne directement sur la mer ».
Depuis toujours, Trieste vit au rythme des activités maritimes. Comptant parmi les plus actifs de Méditerranée, son statut de port franc (unique débouché maritime du temps de l’empire austro hongrois) doit son essor à son importance stratégique comme porte de l’Orient.
L’attraction littéraire
Visiter Trieste, c’est emboiter le pas d’une pléiade (c’est le cas de le dire !) de grands écrivains qui ont contribué à faire de la ville un véritable mythe littéraire : Sigmund Freud, Rainer Maria Rilke, Stendhal, Jules Verne, Paul Morand... la liste serait longue de ceux qui succombèrent à son indéfinissable charme. Certains ne firent qu’y passer ou y effectuèrent un bref séjour. D’autres encore choisissent la ville comme point de départ de leur intrigue, tel Thomas Mann dans « Mort à Venise ». Il y a aussi ceux qui y vécurent longtemps, ainsi James Joyce, le célèbre écrivain irlandais, y puisa l’inspiration pour l’écriture de son « Ulysse ».
On compte aussi parmi eux les natifs de Trieste, tels l’immense Italo Svevo ou encore le talentueux Umberto Saba, dont une librairie du centre ville perpétue le nom. On ne sera donc pas surpris d’apprendre que cette ville d’esprit possède une incroyable densité de librairies. Ici, la littérature questionne en permanence l’identité, résultat d’une construction personnelle que les aléas de l’histoire ont souvent bousculée.
Cette vivacité intellectuelle et cette bouillonnante effervescence littéraire n’ont pas échappé, il y a peu, aux responsables du Festival "Est Ouest", qui ont choisi Trieste comme invitée d’honneur de leur manifestation consacrée au livre.
Interculturelle avant l’heure
Sa situation géographique au cœur de la Mittel Europa, aux confins des mondes latin, slave et germanique, dont elle partage des pans d’histoire, tout a concouru à faire de Trieste une ville multi ethnique et par conséquent multi culturelle. Son urbanisme tout entier est empreint de cette diversité. Longtemps sous la férule du double empire, ce n’est pas pour rien qu’elle fut surnommée « la Vienne de l’Adriatique ».
Baguenauder dans Trieste, c’est voyager en religion. Comptant dans le passé une forte communauté hébraïque, sa synagogue compte parmi les plus grandes d’Europe. Autres monuments remarquables dédiés au culte les églises serbo orthodoxe de San Spiridone, gréco orientale de San Noccolò et même une église évangélique helvético valdese, qui occupe le lieu de culte le plus ancien de la ville.
Le café : un art de vivre
À Trieste, il serait inconcevable d’avaler son petit noir à toute vitesse. Au-delà du simple rituel du matin, commander un café obéit à des codes précis, inscrits dans une véritable culture. Elle puise ses racines du temps du fastueux règne des Hasbourg, quand les premiers navires chargés de café vert débarquèrent leurs marchandises. Aujourd’hui, le tiers du café importé par l’Italie transite par Trieste, ce qui le place au premier rang en Méditerranée pour ce négoce.
Avec plus de trente expressos différents, les Triestins disposent d’un vaste lexique pour commander leur breuvage préféré ; le plus populaire étant le « Capo in B », un macchiato servi dans un petit verre. Pour donner à cette dégustation un caractère inoubliable choisissez l’un des cafés historiques tels que le « Caffè Stella Polare » ou « Caffè San Marco ».
Certes, il est impossible de comprendre Trieste si l’on méconnait son histoire. Et dans une cité où la littérature est si féconde, c’est toujours l’écrivain qui a le mot de la fin. Ainsi pour Scipio Slapatter, qui sut si bien mettre en exergue les spécificités de sa ville natale : « Trieste est un lieu de transition géographique, historique, culturelle, commerciale et donc un lieu de confrontation. Tout est double ou triple ici à commencer par la flore et même l’ethnicité.»
Pour aller plus loin : http://www.promotrieste.it/ http://ilpiccolo.gelocal.it/trieste