lʼart dʼescargoter
De suie et d'acier : randonnée insolite en Wallonie
Loin des sentiers battus, il existe à Charleroi un circuit à la saveur particulière : la "boucle noire". Exploration de la cité hennuyère et de ses faubourgs, le tracé louvoie entre les usines, glisse avec les eaux de la Sambre, parcourt des zones naturelles et grimpe au sommet des terrils. Au rythme de ses pas, le randonneur calque sa respiration sur le souffle de la ville, parsemée des scories de son âge d'or industriel.
La gare de Charleroi Sud constitue l'entame de cette boucle d'une vingtaine de kilomètres. On se dirige très vite vers les rives de la Sambre. Suivant ses flots, le tracé s'enfonce au travers d'un gigantesque site industriel. En des temps révolus, la sidérurgie carolo étalait ici sa toute puissance. Les usines sont désormais presque toutes à l'arrêt. Entre les bâtiments désaffectés, l'activité humaine subsiste. Un nuage de poussière se dissipe.
De l'autre côté de la Sambre, dans la pénombre, reluisent les contours d'une immense mâchoire de métal. Avidement, elle se referme sur des morceaux de ferraille. La scène pourrait sortir d'un imaginaire de science-fiction, tant la machine semble vivre par elle-même.
Plus loin, des couleurs flamboyantes apparaissent sur les murs. Quelques artistes urbains se sont emparés du lieu, sous l'impulsion du Rockerill Art Industry tout proche. Leurs œuvres injectent de la couleur dans ce lieu teinté par la rouille.
À l'atmosphère industrielle succède le quartier des bateliers, le long du halage. C'est déjà la frontière entre Charleroi et Monceau-sur-Sambre, l'une de ses plus proches banlieues. Le chemin devient plus vert. On entre dans le parc du Château de Monceau-sur-Sambre. Les arbres y remplacent les lampadaires.
Le tracé longe le domaine du terril de la "Machine du Bois". Apparaissent alors les terrils du Martinet. L'ascension se fait sur le plus imposant d'entre eux. Ici, la nature a repris ses droits. Les bouleaux peuplent les flancs du terril. Leur robe blanche contraste avec la noirceur du sol. Les photographies mentales de ce paysage ressemblent à un rouleau de négatifs.
Plus loin, la randonnée poursuit sa route le long du canal, jusqu'à l'écluse de Marchienne. Passée celle-ci vient l'ascension du Terril de Bayemont. Du haut de sa cime s'étale une vue panoramique à couper le souffle sur la ville de Charleroi et le gigantesque site industriel Providence. Le tracé prolonge finalement sa course entre quartiers résidentiels et friches urbaines, pour aboutir dans le centre de la cité hennuyère.
Avec, pour le randonneur, le sentiment d'avoir accompli une expérience hors du commun.
Pour aller plus loin:
Le plan et le topo de la Boucle noire (GR 412) sont téléchargeables librement sur
https://walloniebelgiquetourisme.be/
Le coin du ferrovipathe :
Accès depuis Bruxelles et Anvers et par la « dorsale wallone » depuis Namur et Liège ou
Mons et Tournai
Chemins de fer belges : https://www.belgiantrain.be/fr