Multilinguisme au Luxembourg : Une coexistence apaisée
Située entre l’Allemagne, la Belgique et la France, le Luxembourg est le plus petit pays de l’union européenne (2586 kilomètres carrés) Avec l’un des niveaux de vies les plus élevés au monde, fort de ses 476 000 habitants, le pays connait depuis 30 ans une forte croissance démographique qui s’explique par la place prépondérante qu’occupe l’immigration (41 % de la population étrangère, dont une forte communauté portugaise).
Le multilinguisme en question
Le Luxembourg compte deux langues officielles : le français et l’allemand. Historiquement, on doit cette cohabitation linguistique à la présence de deux groupes ethniques sur le territoire, l’un roman, l’autre germanique. En 1984, le luxembourgeois devient la 3ème langue officielle.
La petite taille et l’histoire du Grand-Duché, situé au croisement des aires linguistiques germanophone et francophone, les nombreux échanges avec ses voisins, l’émigration vers ces pays au XIX siècle pour trouver du travail - puis au XXème siècle le phénomène inverse - ont fait que les langues des deux puissants voisins sont couramment parlées dans le pays. Mais à l’inverse de ses dérivés français ou belge la langue luxembourgeoise s’est maintenue dans la population comme ciment et composant de l’identité nationale. « eis sprooch « (notre langue).
Comment imaginer avoir 3 langues officielles dans un si petit pays ?
La loi du 24 février 1984 sur l’usage des langues stipule que la langue officielle du pays est le luxembourgeois, les lois sont en français et les trois langues peuvent être utilisées en tant que langue du gouvernement ou pour des questions administratives. En pratique, le luxembourgeois prédomine pour l’expression officielle orale, le français et l’allemand pour l’expression officielle écrite.
Quelques exemples concrets :
A la chambre des députés on débat en luxembourgeois, sauf quand les lois sont citées auquel cas on emploie le français. La presse est majoritairement de langue allemande à l’exception de quelques journaux en français. A l’école primaire les cours sont donnés en allemand avec explication souvent en luxembourgeois, tandis qu’au niveau supérieur on utilise le français.
Comment se débrouillent les habitants pour communiquer entre eux ?
Dans la vie quotidienne, ce sont l’allemand et le français qui sont privilégiés, peu d’étrangers parlant la langue du pays. Enfin, pour être complet, notons que la signalisation routière se fait en français et luxembourgeois.
De ce fait, les langues se tolèrent les unes les autres, se côtoient, s’empruntent et se prêtent sans jalousie ! Pour résumer, c’est un véritable casse-tête et un Luxembourgeois qui parviendrait à passer une journée totalement monolingue réaliserait un véritable exploit.
A quel moment utiliser une langue plutôt qu’une autre ?
L’art d’alterner l’usage des langues est propre aux natifs du pays qui excellent dans ce subtil exercice, empruntant tantôt une idée à une langue, tantôt une expression à une autre.
Sur le plan politique, la maîtrise de deux langues européennes majeures que sont le français et l’allemand a permis au pays d’agir en faveur de la construction européenne.
Cette situation favorise l’adaptation des résidents non Luxembourgeois dans la mesure où ils peuvent s’exprimer dans leur propre langue. Le multilinguisme et l’inter culturalité rendent le pays des plus attractifs.
Le Luxembourg un pays saturé de langues ?
Bien au contraire ! Ce terreau favorable a permis à bien d’autres idiomes : l’anglais, l’italien, le portugais de se faire leur place. Le multilinguisme représente à la fois l’ouverture vers l’extérieur et la volonté d’accueillir ce qui vient de l’extérieur au Luxembourg.
Il permet au pays d’affirmer son statut de terre de rencontre entre la culture romane et la culture germanique, élargi de nos jours à d’autres cultures.
Le Grand-Duché se révèle donc un intéressant cas de trilinguisme ou de triglossie (répartition fonctionnelle de trois langues) égalitaire dans son application qui ne met nullement en danger la langue maternelle des Luxembourgeois. En effet, au fil du temps, il est devenu une langue d’intégration puisqu’elle permet une interaction entre tous les habitants du pays (natifs ou immigrés) et fait le lien entre les générations.
Le plurilinguisme est souvent présenté comme la « véritable langue maternelle des luxembourgeois ». Les langues constituent donc un élément fondateur du Luxembourg , elles y sont incontournables.
Vivre au Luxembourg sur le mode humoristique. Tu sais que tu vis au Luxembourg quand :
Tu sais qu'un jour ou l'autre, tu devras pour t'intégrer apprendre à parler portugais ;
Tu pleures devant les notices en allemand des médicaments ;
Tu peux traverser trois pays en dix minutes sans changer de route ;
Les caissières de Auchan s'adressent à toi en trois langues avant de trouver la bonne ;
Tu luttes pour trouver une séance de cinéma avec les sous titres en français ;
Après dix ans sur place tu n'as appris à dire que merci et bonjour en luxembourgeois
Tu apprends que la langue nationale n'a pas d'orthographe officielle et que les habitants ne savent pas écrire le nom de leur pays Leztburg? Letzbuerg ? Lëtbuerg ? Lëtzburg ?
Pour aller plus loin :
https://www.inll.lu/contact/inl-belval/ (Institut National des Langues)
https://esch2022.lu/fr/ (Esch sur Alzette, capitale européenne de la culture 2022)
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