Georges Siménon : "L'autre" siège de La Rochelle
Les villes, de façon générale, ont été et restent une immense source d’inspiration pour les écrivains. La Rochelle ne fait pas exception à la règle, elle qui depuis longtemps stimule l’imagination des auteurs les plus divers. Mais jamais jusqu’à l’arrivée de Georges Simenon la ville n’avait été l’objet d’un tel engouement littéraire.
Qui était Georges Simenon ?
Georges Simenon est un auteur belge francophone né à Liège en 1903. D’abord journaliste, il devient par la suite romancier et nouvelliste. Au début de sa carrière il écrit sous différents pseudonymes avant de publier sous sa véritable identité. En 1929, il crée le personnage du commissaire Maigret ce qui lui vaut très vite un succès international.
L’homme digne d’un personnage de roman semble avoir eu plusieurs vies. Grand voyageur, il parcourt une partie de l’Europe et gagne d’autres continents comme l’Afrique, l’Amérique du sud et l’Asie. Il effectue même un tour du monde entre les années 1934 et 1935.
On a coutume de dire que les héros de Simenon sont des gens ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Dans la lignée de ses illustres prédécesseurs comme Balzac ou Maupassant (déjà mentionnés par ailleurs), l’auteur est classé parmi les « romanciers du réel ». Jamais avare d’un bon mot, l’écrivain Marcel Aymé disait de lui : « Simenon, c’est un Balzac sans les longueurs ! »
Auteur prolifique de plus de 350 romans et nouvelles, Georges Simenon déclarait « entrer en roman » au moment de commencer un nouveau travail d’écriture.
« Les années rochelaises » de Georges Simenon
L’écrivain découvre La Rochelle en 1927, lors d’un séjour sur l’île d’Aix toute proche. Séduit par l’atmosphère et les paysages qui lui rappelant son plat pays, il s’installe définitivement dans la région en 1932. Pour Michel Carly, son principal biographe, Simenon et La Rochelle sont tous deux bipolaires, lumineux et empreints de tristesse.
Le romancier s’attachera dès lors à percer les lourds secrets de ses habitants à en sonder inlassablement l’âme (en particulier la rigidité) prêtée aux milieux protestants un élément récurent de sa période rochelaise. Il poursuivra avec obstination, mais plus pacifiquement cette sorte de siège de La Rochelle… pour révéler les mystères cachés derrière ses remparts. Il mettra en scène dans ses romans avec un bonheur certain la population de l’époque composée de paysans, de mareyeurs, d’ostréiculteurs ou encore de grands armateurs. Dans nombre de ses romans il pleut souvent sur La Rochelle ce qui déplut à quelques esprits chagrins de l’époque.
L’héritage « siméonien »
L’auteur quitte définitivement la Charente Inférieure (le nom du département de la Charente-Maritime à l’époque) en 1940 et n’y fera plus que quelques brèves apparitions. Que reste-t-il au final de Georges Simenon? Bien-sûr la ville de la fin des années 20 et des années 30 a bien changé. Mais le Café de la Paix, place de Verdun, où l’écrivain avait ses habitudes existe toujours. Inauguré en 1989 en présence de ses enfants un quai près du vieux port, dans le quartier du Gabut, porte son nom.
« La Rochelle allait être plus que jamais le centre de mon existence, à tel point que si je regarde ma vie entière à vol d’oiseau elle en reste encore comme le centre géographique. » Georges Simenon
14 romans et 5 nouvelles ont pour cadre la ville de La Rochelle. Citons parmi les plus connus : Le Testament Donadieu, Charente Inférieure, Le Train, Le Camp des ostendais, ou encore Les Fantômes du chapelier. Pour qui douterait encore de l’omniprésence de La Rochelle dans l’œuvre du célèbre romancier, l’infatigable Michel Carly s’est livré à un savant calcul : après Paris et avant Liège, la ville est citée pas moins de 784 fois… (une promotion indirecte qui ferait rêver bien des opérateurs touristiques du moment !)
Mais au delà de La Rochelle, c’est tout le littoral charentais qui est présent à des degrés divers dans l’œuvre de l’écrivain. Dix neuf de ses romans ont pour cadre l’actuelle Charente Maritime.
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